Prêche du 28/01/22 : La notion de Coran créé, la voie de la guidance et de la joie qui mène à Dieu

Prière à la mosquée

Prédication de l’imam mutazilite Faker Korchane

السلام عليكم و رحمة الله و بركاته

إن الحمد لله نحمده ونستعينه ونستهديه ونستغفره ونعوذ بالله من شرور أنفسنا وسيئات أعمالنا، من يهده الله فلا مضل له ومن يضلل فلا هادي له، وأشهد أن لا إله إلا الله وحده لا شريك له ولا نظير له ولا مثال له، وأشهد أنا محمداً عبد الله ورسوله وصفوته من خلقه وأمينه على وحيه،و نجيبه من عباده، صلى الله تعالى عليه وعلى آله الطيبين الطاهرين، وصحابته المباركين، وأتباعهم بإحسان إلى يوم الدين، وسلم تسليماً كثيراً.

عباد الله. أوصيكم ونفسي الخاطئة بتقوى الله العظيم ولزوم طاعته، كما أحذركم وأحذر نفسي من عصيانه ومخالفة أمره لقوله سبحانه وتعالى: « من عمل صالحاً فلنفسه، ومن أساء فعليها، وما ربك بظلام للعبيد« .

Nous rendons louange à Dieu, c’est à Lui que nous demandons aide, guidance et miséricorde. Nous prenons refuge en Lui contre les maux qui nous assaillent de l’extérieur et de l’intérieur de nous-mêmes, et nous nous réfugions en Lui contre les mauvais actes que nous pourrions commettre. Celui que Dieu guide, nul ne pourra l’égarer, et celui qui s’égare, nul ne pourra le guider (7, 178). J’atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu, Seul, qui n’a n’y associé, ni rival, ni modèle ; et j’atteste que Muhammad est Son serviteur et messager, choisi parmi Ses créatures, fidèle transmetteur de la Révélation, excellent parmi Ses serviteurs. Dieu S’est relié à Lui et à sa famille, bonne et pure, ainsi qu’à ses compagnons bénis, et ses disciples bons agissants et Les a salués de la meilleure salutation. 

Êtres de Dieu, je vous conseille, à vous comme à moi-même, âme imparfaite, de nous prémunir en Dieu le Très-Haut et à suivre Ses enseignements, comme je vous mets et me mets moi-même en garde, contre le fait d’aller à l’encontre de Ses sagesses. Dieu a révélé : « qui effectue une œuvre salutaire c’est pour soi-même, une mauvaise, c’est contre soi-même. Ton Seigneur n’est pas injuste envers Ses serviteurs ». 

Chers frères, chères sœurs,

Aujourd’hui, je souhaite m’intéresser à une question théologique importante : celle du statut du Coran. Le Coran est un livre inspiré par Dieu au prophète Muhammad (sawas), et cela, tous les musulmans sont d’accord pour le dire. Mais dans notre compréhension de ce que cela veut dire, nous pouvons diverger. Pour nous, cela veut dire que le Coran a été créé par Dieu à un moment donné, au début du VIIe siècle ap. J.-C., dans un contexte donné, celui de l’Arabie occidentale ; et qu’il aura une fin, fin qui correspondra à la fin du monde et de l’existence humaine. Le Coran n’est donc pas, contrairement à l’approche traditionaliste, La Parole parfaite et complète de Dieu faite livre, et donc une forme d’incarnation du divin sur Terre. Pour nous, il n’y a pas tout dans le Coran, mais il y a suffisamment pour nos besoins existentiels, philosophiques et spirituels. Seulement, le Texte s’adresse à nous les humains, et nous en sommes les récipiendaires parce que nous sommes ceux qui devront donner une réalité concrète eu Texte. Donc, dans notre compréhension, le Coran est une création de Dieu comme peuvent l’être le monde, les astres, et tout ce qui est. il est source de bien et d’émancipation, mais il n’est pas parfait ni éternel. C’est un message qui nous oriente vers Lui (huwa), mais il n’est pas Lui. 

Dire cela ne veut pas dire que nous dévalorisons le Texte, ni ne le remettons lui ou sa fiabilité en doute ; mais bien plutôt, d’une tentative de recentrement. Nous devons rester concentrer sur la portée fondamentale du Coran : cheminer vers Le seul Éternel, Dieu. C’est ainsi que nous gagnerons l’ici, et l’au-delà inchallah.  

Dans la théologie mu’tazilite ancienne, il y avait deux manières de comprendre cette question du Coran créé. Soit le Texte a été descendu dans le cœur  du prophète Muhammad (sawas), qui, lui-même l’enseigna à ses disciples directs et indirects, et plus particulièrement encore à ses descendants (ahl al bayt, aleyhim as salâm) ; soit, le Texte a été descendu d’abord sur le prophète comme dans le premier cas, mais que cela n’empêche pas que toute interaction soit l’occasion d’une création continue du Texte. Et cela, en tout temps, à tout moment, et continuera de l’être encore jusqu’à la fin des temps, tant qu’il y aura des cœurs pour entrer en contact avec lui (en cas de lecture du texte, de le méditer, de le recopier, de le réciter etc.). Dans le premier cas, seul le prophète (sawas) serait le lieu (makân) de la création du Coran. Dans le second cas, chaque personne en en interaction avec le Texte devient le lieu de sa création. C’est vers la deuxième lecture que nous avons tendance à pencher. Et nous allons voir pour quoi. 

Le croyant ou la croyante sincère qui s’ouvre au texte coranique lui donne l’opportunité de faire effet concrètement dans le monde. Par exemple, le Coran associe toujours la foi sincère et l’acte désintéressé. Ce qui se traduira à notre échelle par une action à portée sociale comme des maraudes, par exemple, ou à faire des dons financiers ou autres. Mais le Texte peut aussi avoir un effet pour nous orienter dans notre propre existence, et nous apaiser, voire nous structurer, ce qui relèvera aussi de l’effet pratique. L’importance de la croyance véridique, sincère, doit être soulignée, car le Coran est comme une graine. Or il est fort bon de planter la graine dans un bon terreau. Et ce terreau, c’est la « coeur » du ou de la croyante (et n’oublions pas que le cœur est aussi le siège de la raison dans le Coran 22, 46 أَفَلَمْ يَسِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَتَكُونَ لَهُمْ قُلُوبٌ يَعْقِلُونَ بِهَا أَوْ آذَانٌ يَسْمَعُونَ بِهَا فَإِنَّهَا لَا تَعْمَى الْأَبْصَارُ وَلَكِن تَعْمَى الْقُلُوبُ الَّتِي فِي الصُّدُورِ N’ont-ils pas cheminé sur la terre, ayant un cœur apte à raisonner, des oreilles capables d’entendre ? Or, ce ne sont pas les regards qui sont aveugles, mais s’aveuglent les cœurs qui battent dans les poitrines). La graine a besoin d’un terreau favorable, c’est-à-dire, de la croyance sincère. Sinon, la graine sera plantée dans un terreau stérile, parce que, asséché ou compromis. Ainsi Dieu nous avertit en 3, verset 7 (Al Imrâne) 

هُوَ الَّذِي أَنزَلَ عَلَيْكَ الْكِتَابَ مِنْهُ آيَاتٌ مُّحْكَمَاتٌ هُنَّ أُمُّ الْكِتَابِ وَأُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌ فَأَمَّا الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاءَ الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاءَ تَأْوِيلِهِ

Lui qui a fait descendre sur toi l’Écrit, dont tels signes, sa partie-mère, sont péremptoires, et tels autres semblants. Qui porte au cœur la déviance, eh bien ! il s’attache au semblant par passion du trouble, passion de déchiffrer le semblant

Autrement dit, tout croyant sincère peut et doit lire le Texte de façon confiante. Quand bien même nos lectures pourraient diverger, sur la portée de telle ou telle thématique coranique, ou tel ou tel verset. Les croyants sincères, au contact les uns des autres, peu importe leurs obédiences, savent voir au-delà de ces divergences. Comme le dit le fameux hadith : لكل مجتهد نصيب, équivalent de « tout effort [ici théologique] mérite salaire ». Ou une version un peu différente pour souligner l’importance de l’effort plus que du résultat dans ce hadith : إذا اجتهد الحاكم فأصاب كان له أجران، وإذا اجتهد وأخطأ كان له أجر« si le gouverneur s’efforce [d’exercer justement] et qu’il réussit, il a deux récompenses, et s’il s’efforce mais échoue, il a une récompense ».

Ainsi, la foi doit nous suffire comme outillage pour lire en toute confiance et s’efforcer de cheminer sur la voie de Dieu grâce à la lecture du texte coranique. 

أقول قولي هذا واستغفر الله لي ولكم فاستغفروه انه غفور تاب رحيم

Deuxième prêche

الحمد لله، والصلاة و السلام على رسول الله، نبينا محمد و على آله و من والاه، أما بعد، 

Comme je l’ai dit plus haut, le Coran soulève la question du lieu (makân) de la création de la parole de Dieu (parole au sens métaphorique) dans la sourate XVI (al Nihal), toute la séquence allant du verset 97 à 102 est intéressante, mais je porterai la focale sur les versets 101 et 102 :

مَنْ عَمِلَ صَالِحًا مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَلَنُحْيِيَنَّهُ حَيَاةً طَيِّبَةً وَلَنَجْزِيَنَّهُمْ أَجْرَهُم بِأَحْسَنِ مَا كَانُوا يَعْمَلُونَ

Qui effectue l’œuvre salutaire, fût-il mâle ou femelle, en étant croyant, Nous lui ferons vivre une vie bonne. Nous les rétribuerons d’un salaire plus beau que ce qu’ils faisaient

فَإِذَا قَرَأْتَ الْقُرْآنَ فَاسْتَعِذْ بِاللَّهِ مِنَ الشَّيْطَانِ الرَّجِيمِ

Quand tu veux lire le Coran, prends refuge en Dieu contre Satan le lapidé

إِنَّهُ لَيْسَ لَهُ سُلْطَانٌ عَلَى الَّذِينَ آمَنُوا وَعَلَى رَبِّهِمْ يَتَوَكَّلُونَ

Satan n’a nul pouvoir sur ceux qui croient et qui font confiance à leur Seigneur

إِنَّمَا سُلْطَانُهُ عَلَى الَّذِينَ يَتَوَلَّوْنَهُ وَالَّذِينَ هُم بِهِ مُشْرِكُونَ

Son pouvoir se borne à ceux qui le prennent comme protecteur, à ceux qui par lui se font associants

وَإِذَا بَدَّلْنَا آيَةً مَّكَانَ آيَةٍ وَاللَّهُ أَعْلَمُ بِمَا يُنَزِّلُ قَالُوا إِنَّمَا أَنتَ مُفْتَرٍ بَلْ أَكْثَرُهُمْ لَا يَعْلَمُونَ

Quand nous échangeons un signe [verset] au lieu d’un autre – Dieu est seul à savoir ce qu’Il fait descendre-, ils disent : “ce n’est qu’un contre-facteur [prophète Muhammad, saws]“…Mais non ! ce sont eux qui, pour la plupart, ne savent point

قُلْ نَزَّلَهُ رُوحُ الْقُدُسِ مِن رَّبِّكَ بِالْحَقِّ لِيُثَبِّتَ الَّذِينَ آمَنُوا وَهُدًى وَبُشْرَى لِلْمُسْلِمِينَ

Dis : « l’Esprit de sainteté le fait descendre de ton seigneur avec le Vrai, pour conforter ceux qui croient, et comme guidance et bonne nouvelle à ceux qui se sont remis [à Dieu] (traduction de Muslimîn) ».

Beaucoup ont vu, dans le verset 101, un passage sur l’abrogation interne au Coran. Alors que nous pouvons y voir quelque chose de différent. Les signes (ayât) sont donc les versets, puisqu’il est question ici de « descente » (« yunazil/il fait descendre »), donc du Coran (cf S.97 al Qadr). Or ce passage nous précise que cette descente s’effectue dans un lieu (makân). Le Coran est d’abord descendu sur le prophète Muhammad (sawas) qui l’a révélé au fur et à mesure au monde. Mais ce phénomène ne s’arrête pas là, car c’est notre contact avec le Texte qui produit des effets, et donc, qui continue à lui donner une certaine réalité. Généralement, plusieurs passages coraniques sont continuellement présents à notre esprit. Mais en fonction des moments, des problématiques et de nos réalités, certains nous semblent plus appropriés que d’autres.

Les dénégateurs (ceux qui s’opposent au message coranique) rejettent cette richesse du Message, et accusèrent le prophète (sawas) de contrefaire son discours, autrement dit, de dire tout et son contraire. Ils n’y ont pas vu une richesse de propositions, mais des contradictions.  Et pourtant, le Coran nous le dit, eux « ne savent point ».

Certes, il y a dans le Coran des versets « um al kitâb » (3,7), que l’on pourrait aussi traduire par « sens de la prescription ou de l’Écrit ». Tous les signes de Dieu n’ont pas la même portée, mais le principal est que seul l’être humain est le lieu (makân) véritable de la révélation. C’est vers lui qu’elle est adressée, et c’est pour son bien que cela a été fait par Dieu. Mais plus encore, comme nous le dit le dernier verset de cette séquence : « Dis : « l’Esprit de sainteté le fait descendre de ton seigneur avec le Vrai, pour conforter ceux qui croient, et comme guidance et bonne nouvelle à ceux qui se sont remis [à Dieu] (traduction de Muslimîn) ».

Comme il a été dit avant, tout cœur sincère tourné vers Dieu ne peut se tromper ou errer dans une forme de perdition s’il lit et interroge le Texte coranique directement, comme souvent on veut nous le faire croire. Mais est-ce que l’Esprit de sainteté (rûh al qudusi) a déjà œuvré et son action est désormais finie ? Je ne le crois pas. L’action de l’Esprit de sainteté continue d’insuffler à nous « guidance » (hudan) et « joie » (boshrâ). C’est tout cela que notre lecture mutazilite d’aujourd’hui voit dans cette fameuse notion du Coran créé. Le Coran a été créé une première fois, mais il continue d’être créé à chaque interaction de par le monde, et à tout moment. Loin d’amoindrir l’importance du rôle du Coran, cette idée le replace au centre de notre vie spirituelle tout en en libérant l’accès et l’usage. La sincérité du cœur nous permet d’accéder directement au Coran, et enrichi à la fois notre esprit par l’illumination et l’éclaircissement de la voie à suivre ; tout en créant en nous un sentiment d’apaisement, et de libération de l’errance, de la culpabilité de mal faire, et d’un sentiment de doute qui risque d’entraver notre spiritualité et notre cheminement vers Lui.  

Et Dieu seul sait le mieux

اللهم اجعل جمعنا هذا جمعاً مرحوماً، وتفرقنا من بعده تفرقاً معصوماً، ولا تجعل فينا و لا معنا شقياً ولا محروماً و لا مترودا، اللهم لا تدع لنا ذنباً إلا غفرته، و لا هما الا فرجته، ولا ديناً إلا قضيته، و لا مريضاً إلا شفيته، ولا مبتلى إلا عافيته، ولا مظلوماً إلا نصرته، ولا ميتاً إلا رحمته. اللهم اغفر لنا و لوالدينا، و للمؤمنين و للمؤمنات، و للمسلمين و للمسلمات، الاحياء منهم و الأموات، إنك سميع قريب مجيب الدعوات. اللهم انفعنا بما علمتنا، و علمنا ما ينفعنا، و زدنا علما. ربنا أتنا في الدنيا حسنة و في الأخرة حسنة و قنا عذاب النار، و آخر دعوانا إن الحمد لله رب العالمين. 

سبحان ربك رب العزة عما يصفون و السلام على المرسلين و الحمد لله رب العالمين.

عباد الله إن الله يأمر بالعدل و الإحسان و إيتاء ذي القرباء، و ينهى عن الفحشاء و المنكر و البغي، يعظكم لعلكم تذكرون

Ô Seigneur fais de notre assemblée ci-présente une assemblée bénie ! et que notre dispersion d’après se fasse en bon ordre ! épargne nous souffrances et humiliations ! Ô Seigneur pardonne nos fautes, allège nous douleurs, efface nos dettes, guéris les malades, soigne les affligés ! Rends justice aux spoliés ! Pardonne aux décédés ! Ô Seigneur recouvre nos erreurs à nous, celles de nos parents, des musulmans, des musulmanes, des croyants et des croyantes, les vivants d’entre eux comme des disparus ! Ô Seigneur nous Te demandons guidance, droiture, bonté et aisance. Seigneur apprends nous ce qui nous sera bénéfique, et fais que ce que Tu nous a appris nous soit bénéfique, et augmentes notre savoir ! Ô Seigneur, accordes nous de bonnes actions dans cette vie et dans la vie dernière et épargne-nous du feu ! 

Et louange à Dieu, le Seigneur des mondes ; Ton Seigneur, possesseur de la puissance, est au-dessus de toutes les suppositions ; paix sur les messagers envoyés et que louange soit rendue au Seigneur des univers (27, 180-182)

Dieu ordonne la justice, le bel agir, la libéralité envers les proches ; Il proscrit la turpitude, le blâmable, la démesure, Il vous sermonne, attendant de vous que vous méditiez (16, 90)

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