Prêche de la Mosquée Fatima du 06 mars 2020

Prêche lors du jumu’a du 6 mars 2020 à la Mosquée Fatima
Droits réservés La Mosquée Fatima

La notion de foi en islam, prédication de l’imam Faker Korchane, lors du jumu’a du 6 mars 2020 à Paris.

إن الحمد لله نحمده ونستعينه ونستهديه ونستغفره ونعوذ بالله من شرور أنفسنا وسيئات أعمالنا، من يهده الله فلامضل له ومن يضلل فلا هادي له، وأشهد أن لا إله إلا الله وحده لا شريك له ولا نظير له ولا مثال له، وأشهد أنا محمداً عبد الله ورسوله وصفوته من خلقه وأمينه على وحيه،و نجيبه من عباده، صلى الله تعالى عليه وعلى آله الطيبين الطاهرين، وصحابته المباركين، وأتباعهم بإحسان إلى يوم الدين، وسلم تسليماً كثيراً.عباد الله. أوصيكم ونفسي الخاطئة بتقوى الله العظيم ولزوم طاعته، كما أحذركم وأحذر نفسي من عصيانه ومخالفة أمره لقوله سبحانه وتعالى: « من عمل صالحاً فلنفسه، ومن أساء فعليها، وما ربك بظلام للعبيد

« .Nous rendons louange à Dieu, c’est à Lui que nous demandons aide, guidance et miséricorde. Nous prenons refuge en Lui contre les maux qui nous assaillent de l’extérieur et de l’intérieur de nous-mêmes, et nous nous réfugions en Lui contre les mauvais actes que nous pourrions commettre. Celui que Dieu guide, nul ne pourra l’égarer, et celui qui s’égare, nul ne pourra le guider (7, 178). J’atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu, Seul, qui n’a n’y associé, ni rival, ni modèle ; et j’atteste que Muhammad est Son serviteur et messager, choisi parmi Ses créatures, fidèle révélateur, excellent parmi Ses serviteurs. Dieu S’est relié à Lui et à sa famille, bonne et pure, ainsi qu’à ses compagnons bénis, et ses disciples bons agissants et Les a salué de la meilleure salutation.

Êtres de Dieu, je vous conseille, à vous comme à moi-même, âme imparfaite, de nous prémunir en Dieu le Très-Haut et à suivre Ses enseignements, comme je vous mets et me mets moi-même en garde, contre le fait d’aller à l’encontre de Ses sagesses. Dieu a révélé : « qui effectue une œuvre salutaire c’est pour soi-même, une mauvaise, c’est contre soi-même. Ton Seigneur n’est pas injuste envers Ses serviteurs ».

Cher.e.s ami.e.s :

Pour ma première khotba, j’ai souhaité m’intéresser à la question de la la foi d’un point de vue islamique. Car poser la question de la foi (īmān), c’est interroger le cœur même de la religion. Le terme īmān provient de la racine a-m-n, qui veut dire sureté, sécurité, confiance. Ainsi, pour point de départ de la réflexion, on pourrait dire que la foi, c’est avoir confiance en Dieu. Malheureusement, aujourd’hui, un fâcheuse tendance veut que, lorsque les musulmans soulèvent une question théologique, ils soient pris entre l’enclume d’une « orthopraxie » rigoriste, pesante et culpabilisante ; et le marteau du rejet pur et simple de toute interrogation religieuse, comme si cette interrogation était par nature malveillante et mal intentionnée. Comme si la religion n’avait pas à interroger la question du sens derrière toutes ses aspirations et les éléments qui la constituent. Comme si on pouvait se passer de compréhension et de signification religieuse. Bien sûr, il ne s’agit pas de généraliser à tous les musulmans, mais à souligner une tendance qui ne voit dans la religion qu’un ensemble de règles normatives (halal/haram)… Sans doute avons-nous besoin aujourd’hui d’en finir avec le respect scrupuleux et formel de la religion, puisqu’il relègue au deuxième plan l’aspect spirituel de l’islam, voire de le nier. De même, nous devons garder distance avec le rejet pur et simple, qui consiste à réduire l’islam à des rites sans queue ni tête. Mais alors, que dire de la foi, si nous la comprenons comme voulant dire « avoir confiance en Dieu » ? A quoi sert-elle ?

Celle-ci ne saurait être définie comme étant une simple disposition d’esprit ou un ressenti vague et indéterminé. Le psychologue et philosophe américain William James (m. 1910) appelle ce type de foi, qui se limite à un énoncé doctrinal, « vacances morales ». Pour James, la foi c’est autre chose. Pour lui et pour les tenants de son courant philosophique appelé pragmatiste, la foi ou la « croyance » est une « habitude d’action ». Autrement dit, comme l’explique James par ailleurs, la croyance est ce qui nous fait nous mouvoir. Or nous ne nous mouvons qu’une fois que nous savons pourquoi nous devons bouger et dans quel but. Tant que nous sommes dans le doute, nous ne nous créons pas d’habitude d’action. Tantôt nous agissions, tantôt non. Mais une fois qu’on a un but claire. Une fois que notre esprit a une idée apaisée, elle devient une résolution. Et cette résolution nous permet d’agir au quotidien. Pour les pragmatistes, c’est cela la croyance, c’est cela la foi. C’est une source d’énergie et d’action. C’est ce que James et son compère Charles Sanders Peirce (m. 1914), tous deux psychologues, comprennent quand ils parlent de croyance. Il s’agit d’une pensée apaisée qui va nous mener à agir dans le monde.

Je pourrai rajouter qu’avoir la foi, c’est agir de manière apaisée car j’ai confiance en Lui. Je parle de foi ou de croyance de manière interchangeable car ces deux termes traduisent le même mot arabe īmān. Or, comme nous l’avons vu, ce mot provient de la racine trilitère a-m-n, terme qui renvoie à la notion de sécurité, de sureté et de confiance. En somme avoir la foi, c’est donc avoir confiance apaisée en Dieu. Et c’est donc agir en ayant toujours et tout le temps confiance en Lui.

أقول قولي هذا واستغفر الله لي ولكم فاستغفروه إنه غفور تاب رحيم.

Deuxième prêche

الحمد لله ، والصلة والسلام على رسول الله ، نبينا محمد وعلى آله ومن والاه ، أما بعد

Dans le Coran, un verset est particulièrement célèbre pour définir ce qu’est la « foi », ou « la piété », ou « la grande bonté ». Ce sont les différents termes que l’on peut trouver derrière l’expression arabe, āyat al-birr que l’on retrouve en II, 177 :

لَّيْسَ الْبِرَّ أَن تُوَلُّوا وُجُوهَكُمْ قِبَلَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَلَكِنَّ الْبِرَّ مَنْ آمَنَ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَالْمَلَائِكَةِ وَالْكِتَابِ وَالنَّبِيِّينَ وَآتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّائِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ وَأَقَامَ الصَّلَاةَ وَآتَى الزَّكَاةَ وَالْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُوا وَالصَّابِرِينَ فِي الْبَأْسَاءِ وَالضَّرَّاءِ وَحِينَ الْبَأْسِ أُولَئِكَ الَّذِينَ صَدَقُوا وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُتَّقُونَ

« La piété ne consiste pas à tourner votre tête du levant au couchant. Mais la piété consiste à croire en Dieu, au Jour dernier, aux anges, à l’Ecrit, aux prophètes, à donner de son bien, pour attaché qu’on y soit, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, aux enfants du chemin, aux mendiants, et pour [l’affranchissement] des nuques [esclaves], à accomplir la prière, à acquitter la purification, à remplir les pactes une fois conclu, à prendre patience dans la souffrance et l’adversité au moment du malheur : ceux-là sont les véridiques, ce sont eux qui se prémunissent » (2, 177).

Selon la tradition, ce verset aurait été révélé en l’an II de l’Hégire, soit en 624, lors du changement de la qibla pour la prière. Jusque là, les musulmans priaient en direction de Jérusalem. À partir de cette date, le prophète oriente sa communauté vers La Mecque. A cette occasion, un certain nombre de fidèles protestèrent. Beaucoup voulaient garder Jérusalem comme direction, mais d’autres proposèrent d’autres directions. Les commentateurs préfèrent dire que les plus désarçonnés étaient les juifs et les chrétiens qui voyaient l’orientation de leurs prières, rejetée par les musulmans. Mais ce n’est pas le point le plus essentiel. Des commentateurs tels que Abū ʿAlī al-Jubā’ī, Abū Muslim al-īsfahānī ou encore le grand linguiste arabe, al-Zamakhsharī, ont ajouté que l’enjeu de ce verset, était l’importance qu’il accordait non pas au culte, mais à l’attitude générale attendue par Dieu, de tous ceux qui sont hommes et femmes de foi. La religion n’est pas dans le rite, elle va au-delà (La piété ne consiste pas à tourner votre tête du levant au couchant). Or, qu’est-ce qu’une religion ? C’est la traduction pratique, en acte, de la foi. Sans doute, vous voyez ici le lien spirituel à quelques siècles de distance, de l’Ecrit coranique et de la pensée pragmatiste. Ceci dit, James dit bien que le pragmatisme est un nouveau nom pour désigner une approche philosophique ancienne. Non seulement le verset souligne l’importance des actes, mais il délivre aussi un contenu conceptualisé de ce en quoi consiste la foi (Mais la piété consiste à croire en Dieu, au Jour dernier, aux anges, à l’Ecrit, aux prophètes). Ce sont les cinq éléments de la foi auxquels les traditionnistes rajoutent la prédestination et qu’ils appellent les six piliers de la foi. Immédiatement après les éléments de la foi viennent les actes mondains, c’est-à-dire, comment la foi implique d’agir dans le monde. Essentiellement à partager, soutenir, aider et libérer l’autre, surtout celui en état de fragilité (à donner de son bien, pour attaché qu’on y soit, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, aux enfants du chemin, aux mendiants, et pour [l’affranchissement] des nuques [esclaves]). La suite du verset vise l’édification spirituelle du croyant et de la croyante. Car ce n’est qu’à ce moment-là que des aspects considérés comme rituels, la salāt et la zakāt (prière et aumône) car ces rites permettent à ceux qui s’y exercent de donner la primauté à l’esprit sur la matière. Dieu est la source d’une énergie spirituelle qui nous nourrit et nous renforce. Cette énergie nous permet de faire face aux aléas de la vie, choses inévitables dans la condition humaine. C’est aussi ce qui nous permet de donner de l’importance à la parole donnée, et surtout, être capable d’endurer dans la souffrance et faire preuve de patience (à accomplir la prière, à acquitter la purification, à remplir les pactes une fois conclu, à prendre patience dans la souffrance et l’adversité au moment du malheur : ceux-là sont les véridiques, ce sont eux qui se prémunissent).

Certains hadiths sont célèbres parce qu’ils sont censés avoir défini ce qu’est la foi. Il me paraît néanmoins que celui qui est le plus clair et le plus en adéquation avec le Coran est un propos attribué à l’imam ʿAli (kaw, as) qui synthétise le mieux ce qu’est l’islam : « l’islam, dit-il, c’est la foi avec le cœur, la [bonne] parole avec la langue, et les actes des membres », hadith non seulement en harmonie avec le verset qui nous intéresse, mais qui en donne un condensé tout à fait efficace. Qu’est-ce que tout cela nous dit sur la foi en islam ? D’abord, que la foi ne peut être qu’une simple disposition d’esprit, c’est un engagement dans le monde. Hommes et femmes de foi, cela veut dire, agir en conséquence, partager, soutenir, être solidaire, c’est cela tout ce qu’implique d’avoir la foi selon les enseignements coraniques.

Et Dieu seul sait le mieux

اللـهم اجعل جمعنا هذا جمعاً مرحوماً، وتفرقناً من بعده تفرقا معصوما ولا تجعل فينا ولا منا ولا معنا شقياً أو محروماً، اللهم لا تدع لنا ذنبا إلا غفرته ، ولا هما إلا فرجته ، ولا دينا إلا قضيته ، ولا مريضا إلا شفيته ، ولا مبتلى إلا عافيته ، ولا مظلوما إلا نصرته ، ولا ميتا إلا رحمته اللهم اغفر لنا ولوالدينا وللمسلمين وللمسلمات وللمؤمنين والمؤمنات الأحياء منهم والأموات انك سميع قريب مجيب الدعوات، اللهم إنا نسألك الهدى والتقى والعفاف والغنى، اللهم انفعنا بما علمتنا، و علمنا ما ينفعنا، وزدنا علما، ربنا آتنا في الدنيا حسنة و في الآخرة حسنة و قنا عذاب الناررَبَّنَا لَا تُؤَاخِذْنَا إِنْ نَسِينَا أَوْ أَخْطَأْنَا رَبَّنَا وَلَا تَحْمِلْ عَلَيْنَا إِصْرًا كَمَا حَمَلْتَهُ عَلَى الَّذِينَ مِنْ قَبْلِنَا رَبَّنَا وَلَا تُحَمِّلْنَا مَا لَا طَاقَةَ لَنَا بِهِ وَاعْفُ عَنَّا وَاغْفِرْ لَنَا وَارْحَمْنَا أَنتَ مَوْلَانَا فَانصُرْنَا عَلَى الْقَوْمِ الْكَافِرِينَسُبْحَانَ رَبِّكَ رَبِّ الْعِزَّةِ عَمَّا يَصِفُونَ وَسَلَامٌ عَلَى الْمُرْسَلِن وَالْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَإِنَّ اللّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالإِحْسَانِ وَإِيتَاء ذِي الْقُرْبَى وَيَنْهَى عَنِ الْفَحْشَاء وَالْمُنكَرِ وَالْبَغْيِ يَعِظُكُمْ لَعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ

Ô Seigneur fais de notre assemblée ci-présente une assemblée bénie ! et que notre dispersion d’après se fasse en bon ordre ! épargne nous souffrances et humiliations ! Ô Seigneur pardonne nos fautes, allège nous douleurs, efface nos dettes, guéris les malades, soigne les affligés ! Rends justice aux spoliés ! Pardonnes aux décédés ! Ô Seigneur recouvre nos erreurs à nous, à nos parents aux musulmans, aux musulmanes, aux croyants et aux croyantes, les vivants d’entre eux comme aux disparus ! Ô Seigneur nous Te demandons guidance, droiture, bonté et aisance. Seigneur apprends nous ce qui nous sera bénéfique, et fais que ce que Tu nous a appris nous soit bénéfique, et augmentes notre savoir ! Ô Seigneur, accorde nous de bonnes actions dans cette vie et dans la vie dernière et épargne-nous du feu ! » Notre Seigneur, ne nous en veuille pas de nos omissions, non plus que de nos erreurs. Notre Seigneur, ne nous fais pas porter un faix aussi lour qu’à nos devanciers. Notre Seigneur, ne nous fais pas porter plus que nous ne pouvons. Passe sur nos fautes, pardonne-nous, aie de nous miséricorde. Tu es notre Maître. Viens à notre secours contre le peuple du déni. »Et louange à Dieu, le Seigneur des mondes ; Ton Seigneur, possesseur de la puissance, est au-dessus de toute les suppositions ; paix sur les messagers envoyés et que louange soit rendue au Seigneur des univers (27, 180-182)Dieu ordonne la justice, le bel-agir, la libéralité envers les proches ; Il proscrit la turpitude, le blâmable, la démesure, Il vous sermonne, attendant de vous que vous méditiez (16, 90)

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